Un flingue dans le coeur by Sébastien Prudhomme-Asnar

Auteur:Sébastien Prudhomme-Asnar [Sébastien Prudhomme-Asnar]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Auto-Édité
Publié: 2020-04-16T23:00:00+00:00

La rue étroite n’est éclairée que par l’artère principale et son abdomen se crispe en entendant le claquement de ses chaussures sur le bitume. Elle n’est plus qu’à une quinzaine de mètres de ce qui semble être une porte, quand un gros rat sort de sous un amas de sacs poubelles. Iliana pousse un cri aigu et s’accroupit derrière le container à ordures. A l’abri de l’obscurité, elle allume une cigarette en hâte. Ça schlingue la mort. Son cœur s’emballe, elle ruisselle de sueur malgré le froid mordant, et il faut qu’elle se calme avant de poursuivre. L'adolescente tire la bouteille de son sac à dos, et descend une dose en pompant trop vite sur sa clope. Le silence n’est troublé que par le flot de la circulation et elle entend ses veines pulser. A la troisième cigarette, son flux sanguin accepte enfin de recouvrer un débit apaisé. Masquée par le container, elle épie la façade arrière de La Luxure et s’oblige à réfléchir de façon pragmatique. Elle en conclut qu’il faut voir de près à quoi ressemble l’accès. A regret, elle quitte sa cachette et s’avance, les yeux rivés sur son objectif. A 2 mètres, elle a la certitude qu’un homme du La Pogne va sortir et elle se fige, incapable de faire un pas dans un sens ou l’autre. Un gros nuage libère une lune cruelle et la ruelle devient White Chapel. Chaque pas est un supplice, elle est écartelée entre sa soif de vengeance et une peur viscérale qui lui émince les boyaux. Les nerfs tendus comme un string sur les fesses d’une bimbo, elle réussit enfin à se tenir face à la porte. C’est du costaud, mais un passe de serrurier permettra peut-être de l’ouvrir. Un sourire mauvais illumine son visage avachi par le chagrin et la haine. Elle tient sa vengeance. Un flingue, et elle entrera semer la mort.

-Qu’est-ce tu fous là, toi ?

Iliana croit s’évanouir. La voix de l’homme se répercute jusque dans la moelle de ses os. Elle ne doit pas craquer, sinon c’en est terminé et La Pogne restera impuni. Elle fouille ses poches à la recherche du couteau. La phrase tombe comme une herse et, sur le moment, elle ne pige pas.

-Allez, fous-moi le camp !

Iliana décampe sans demander son reste, elle s'est vue morte. Dans une ruelle, à l'abri d'un lampadaire, elle relit l'adresse de Célia Giliari et hésite entre s'y rendre, retourner chez sa tante, ou tenter de récupérer le fric de Victor. Renoncer, c'est signé le contrat pour un suicide rapide et elle ne peut l'accepter, pas sans avoir essayé. Sa mésaventure l'a refroidie et elle se dit que Célia pourra l'aider. Pourquoi refuserait-elle quelques milliers d'euros susceptibles de l'aider à se débarrasser de La Pogne ? Elle repère le trajet sur un plan, se fade 40 minutes de métro, et sonne à la porte d'un immeuble miteux du 17°.

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